Joseph Aoun, nouveau président du Liban : une élection après deux ans de vide institutionnel

Après plus de deux ans de vide institutionnel, le Parlement libanais a élu, jeudi, le général Joseph Aoun, commandant en chef de l’armée, comme nouveau président de la République.

Ce vote survient dans un contexte marqué par la fin récente d’un conflit de 14 mois entre Israël et le Hezbollah, ainsi qu’une recherche pressante d’aide internationale pour reconstruire le pays.

Joseph Aoun, sans lien de parenté avec l’ancien président Michel Aoun, était largement perçu comme le candidat privilégié par les États-Unis et l’Arabie saoudite, deux acteurs majeurs pour la reconstruction du Liban. Cette session parlementaire constituait la 13e tentative pour élire un successeur à Michel Aoun, dont le mandat s’est achevé en octobre 2022.

Une élection marquée par des compromis

Le Hezbollah, initialement partisan de Suleiman Frangieh, a fini par soutenir Aoun après le retrait de Frangieh, signalant un rare consensus dans un paysage politique libanais souvent divisé. Lors du premier tour de scrutin, Joseph Aoun a obtenu 71 voix sur 128, mais a dû attendre le second tour pour décrocher 99 votes, dépassant ainsi la majorité requise. Le bloc parlementaire du Hezbollah a joué un rôle clé, votant pour Aoun au second tour afin de marquer son influence politique malgré son affaiblissement récent.

Fanfare et célébrations

Après son élection, Joseph Aoun a prêté serment au Parlement avant d’être acclamé par des feux d’artifice et des célébrations dans sa ville natale, Aichiye. Certains habitants ont même abattu un mouton pour marquer cet événement historique.

Engagements et défis

Dans son discours inaugural, le nouveau président a promis des réformes ambitieuses : renforcer l’indépendance judiciaire, lutter contre la corruption et consolider l’autorité de l’État sur les armes, en référence au Hezbollah. Il s’est également engagé à sécuriser les frontières et à poursuivre une stratégie de défense visant à libérer les territoires encore occupés par Israël.

Cependant, Aoun hérite d’un pays en pleine crise. Depuis six ans, le Liban fait face à un effondrement économique sans précédent, marqué par une hyperinflation, une monnaie en chute libre et des services publics défaillants. La compagnie nationale d’électricité, par exemple, ne fournit que quelques heures d’électricité par jour.

Une reconnaissance internationale décisive

L’élection de Joseph Aoun bénéficie du soutien des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de l’Union européenne, un atout crucial pour débloquer des aides financières. Néanmoins, son manque d’expérience en matière économique laisse penser qu’il devra s’appuyer sur des conseillers pour naviguer dans les réformes nécessaires à la relance du pays.

Randa Slim, analyste au Middle East Institute, souligne qu’Aoun devra composer avec les contradictions de la politique libanaise, notamment sa relation complexe avec le Hezbollah, qui reste un acteur incontournable, à la fois militaire et politique.

Un mandat sous haute tension

Joseph Aoun, 60 ans, devient ainsi le cinquième ancien chef de l’armée à accéder à la présidence dans un pays où ce rôle, bien que limité, est symboliquement crucial. Son élection ouvre une nouvelle page pour un Liban en quête de stabilité et de reconstruction, mais les défis qui l’attendent restent immenses.

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