Brazzaville, 7 septembre – À travers la danse, la musique et les mots, la compagnie Artnat, fondée par les talentueux chorégraphes Aigis Nathan et Eibi Armel, propose une œuvre bouleversante intitulée Personne n’en parle. Ce projet artistique, à mi-chemin entre le témoignage et l’exorcisme collectif, aborde les guerres qui déchirent le Congo-Brazzaville et la République Démocratique du Congo (RDC) depuis des décennies, en particulier dans la région de l’Est de la RDC, où les violences se perpétuent à ce jour.
Sous les notes envoûtantes de Myla Menaya et les performances émouvantes du comédien Fed Boumpoutou, le spectacle donne corps et voix à des âmes tourmentées, revenues d’un autre monde pour interpeller les vivants. Le texte puissant signé par Abdel Mamusta Malick soulève des questions cruciales : pourquoi ces guerres persistent-elles ? Sont-elles vraiment causées par la richesse de la région, ou bien s’agit-il d’une excuse des puissants ?
Ces âmes, représentées par les danseurs et les comédiens, s’unissent pour dénoncer l’inaction et le silence complice des dirigeants, qui, malgré leurs déclarations publiques, continuent de légiférer pour servir leurs intérêts personnels. Pendant ce temps, à l’Est de la RDC, la population souffre des violences, du traumatisme, et vit dans la peur constante.
Personne n’en parle est plus qu’une performance artistique. C’est un appel à la conscience collective. Les corps des danseurs, accompagnés de la musique et des mots, deviennent les vecteurs de la douleur de ces âmes qui, dans un monde parallèle, réclament justice et dignité. Elles refusent de se taire tant que les vivants ne pourront pas faire leur deuil en paix.
Ce projet unique a pris forme lors d’une résidence au Centre Sportif de Brazzaville, avec une restitution émotive et poignante aux Ateliers Sahm. La compagnie Artnat, déjà reconnue pour ses œuvres percutantes, signe ici un spectacle qui frappe fort, combinant avec brio le potentiel créatif de chaque discipline pour une dénonciation collective.
Personne n’en parle est un vibrant hommage aux victimes oubliées des conflits, mais aussi une passerelle entre les mondes, entre les âmes parties sans mot et celles des vivants qui tentent de faire entendre leur voix dans un océan de silence.